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Ulysse de James Joyce reste sans doute un morceau de choix pour les critiques et les universitaires mais continue de décourager pas mal de lecteurs…
Si, vous n’êtes jamais allé au bout, si vous n’avez jamais commencé, si vous avez adoré le livre de James Joyce.
Réjouissez-vous de [re]voir Bloom, film du réalisateur irlandais Sean Walsh, avec Angelina Ball et Stephen Rea.
Sean, véritable passionné, nous donne plaisir à (re)découvrir Joyce humain, drôle dans un film : beau, sensible, subtil, et un tantinet coquin. Un film qui ressemble au portrait de James Joyce. (Sortie en 2005)
Bloom : rencontre avec Sean Walsh et James Joyce
The Irish Eyes : Pourquoi avez-vous choisit Joyce (Bloom) pour faire votre premier long métrage ?
Sean Walsh : La première chose que je dois dire est que travaillant dans le domaine du cinéma et de la télévision depuis environ vingt ans, je n’avais pas vraiment pensé à faire un long-métrage avant que d’avoir l’idée d’offrir Ulysse de Joyce à une plus large audience. C’est évidemment » fou » de choisir un tel roman pour un premier film mais je ne pouvais me défaire de cette envie, il fallait que je concrétise ce projet.
The Irish Eyes : Vous pensez que les directeurs irlandais sont intimidés par Joyce. Les deux adaptations de Joyce ont été réalisées par des Américains (Huston et Strick.)
Sean Walsh : Je pense que la plupart des gens est intimidée par Joyce – Il me semble qu »ils ont peur de lire son travail, c’est dommage.
T.I.E. : Avez-vous eu Stephen Rea à l’esprit pour le rôle depuis le début ?
S. W. : Oui, directement et dès le début du projet.
T.I.E. : Craignez-vous de porter les stigmates de réalisateur-adaptateur de Joyce ?
S. W. : J’espère que ce ne serait pas estampillé Joycien! Cela ne serait pas juste : je ne suis pas un érudit, je ne suis jamais allé à université. Tout ce que j’ai voulu faire, c’est de montrer à tous, ce qui arrive dans les pages « cachées » d’Ulysse; je veux révéler l’humour et l’humanité de Joyce et montrer certains des tours, trucs littéraires employés par Joyce.
T.I.E. : Pourquoi le titre Bloom ?
S. W. : Nous avons orthographié Bloom car je voulais donner un exemple de l’utilisation imaginative de la langue et de la calligraphie que Joyce a utilisé dans Ulysse.
T.I.E. : Pourquoi cet l’angle ‘charnel’ du film ?
S. W. : Je ne pense pas que Bloom soit un film « dirty » ou « charnel ». Oui, il y a l’urination, la masturbation, la domination et le sexe, mais ceux-ci font juste partie de nos vies – et ce film est fait de la nature extraordinaire de nos vies quotidiennes. J’ai voulu que les émotions, des idées, des sensations et les souvenirs soient imbriqués dans le plus logique et le plus illogique sens.
T.I.E. : Comment pensez-vous qu’une audience française appréciera le film ?
S. W. : Je pense vraiment que le public français appréciera le film. Les spectateurs français sont très imaginatifs et créateurs dans leur approche au cinéma. Leurs goûts ne sont pas limités ou liés à des règles cinémato-graphiques traditionnelles et je pense qu’ils apprécieront la riche nature ainsi que les multiples degrés du film.
T. I. E. : Quel sera votre prochain film ?
S. W. : Ce ne sera pas Finnegans Wake, c’est la première chose que je dirais! Actuellement, je lis beaucoup de textes différents, tout, de l’aventure aux histoires d’horreur. Mon prochain film sera très différent et ne sera pas basé sur un grand roman complexe !
Autour du film : Bloom